Vers la fin des social readers?

 

Un an à peine après le lancement des social readers, le Washington Post et le Guardian font marche arrière en annonçant chacun le retrait de leur application. Raison évoquée: Reprendre le contrôle sur la diffusion de leur production en ligne, accaparée par Facebook.

À l’automne 2011, les premiers social readers, (le Washington Post en tête, puis The Guardian) avaient été lancés lors de la conférence Facebook Open Graph consacrée aux développeurs. Leur but était de capter une audience plus jeune, adepte des réseaux sociaux et n’ayant pas forcément le reflex d’aller lire les sites d’information en ligne. Le social reader devait permettre aux médias de proposer des « mini sites » au sein même de Facebook où les lecteurs pouvaient lire et partager les articles directement sur leur profil plutôt que sur le site du média.

Pendant un temps, ces applications innovantes ont fait croître de manière importante le trafic ainsi que les échangea d’articles. Elles promettaient alors d’être fructueuses pour les médias. Le Guardian comptait 6 millions d’utilisateurs après quelques semaines de lancement et enregistrait jusqu’en 600 000 lectures par jour. Par-dessus tout elles avaient le mérite de toucher de nouvelles cibles.

Pourtant, les entreprises de presse concernées font aujourd’hui marche arrière, pour deux raisons:

A cause de la politique de Facebook, d’abord, qui fait défaut aux journaux. Les social readers ont certes démontré qu’ils pouvaient être efficaces et qu’ils apportaient du trafic, mais celui-ci ne peut être capitalisé par les médias, car ils sont circonscrits à Facebook. Les titres qui sont bien ancrés dans une stratégie web ont donc plus à gagner à entrainer leurs lecteurs sur leurs propres plateformes.

Ensuite, ce sont les changements incessants d’algorithme de Facebook qui contraignent les journaux à s’en éloigner. Les dernières mises à jour ont, par exemple, changé le flux d’actualité. Le partage des lectures est bien moins mis en valeur. Plutôt que de s’afficher dans le flux principal des utilisateurs de Facebook, les lectures partagées s’affichent désormais dans le coin en haut à droite de la page. Ce changement soudain d’algorithme avait provoqué la chute des lectures via ces social readers au printemps dernier.

C’est finalement pour regagner un contrôle sur leur contenu que les médias laissent tomber ses applications, mais ils ne peuvent s’éloigner pour autant des réseaux sociaux. De nouvelles stratégies seront donc annoncées prochainement mais auront-elles la même efficacité que facebook?

À lire également : The Guardian esquive son social reader Facebook par Camille Mathoulin

Article rédigé par Camille André Poyaud