Drimnagh is good : exemple de journalisme hyperlocal

 

C’est en mars 2010 que Pauline Sargent décide de se lancer dans l’aventure “Drimnagh is Good” avec une idée bien précise en tête : défendre Drimnagh, le quartier de Dublin dans lequel elle vit. En écrivant de manière régulière sur ce qui se passe dans sa communauté (vie locale, sports, culture…), elle espère générer plus d’intérêt dans les décisions qui sont prises au nom de la communauté, créer une unité et développer une forme d’activisme communautaire. Ce qui donne à réfléchir sur la valeur du journalisme hyperlocal à partir d’un projet ambitieux à échelle locale.

“A bit of everything and anything to do with Drimnagh”

Un peu de tout, mais surtout tout ce qui touche à Drimnagh, c’est un peu l’idée qui se cache derrière Drimnagh is Good. A l’heure ou le journalisme hyperlocal intéresse et intrigue de plus en plus, Pauline Sargent, activiste bénévole, propose de redorer l’image de son quartier en soutenant sa communauté et en aidant à partager les actualités et les activités de Dirmnagh avec un public plus large.  Longtemps catalogué comme quartier à problèmes, la créatrice du site, lasse du négativisme ambiant concernant Drimnagh, a décidé de sortir de l’ombre et de mettre son quartier en valeur.

Drimnagh is Good is about championing your local community, talking it up, instead of down – Pauline Sargent

Drimnagh is Good met en avant la communauté, parle d’elle de manière ascendante et non descendante

Sur le site, aucun thème n’est mis de côté. Santé, sport, histoire ou encore politique, tout sujet peut être traité à la seule condition qu’il respecte un angle communautaire, le but étant de réconcilier les habitants avec leur communauté et de les impliquer dans un processus décisionnel. Mais le journalisme hyperlocal peut-il seulement permettre aux habitants d’une communauté de devenir des activistes, des citoyens engagés ?

Les bienfaits du journalisme hyperlocal : une réalité fantasmée ?

Selon l’étude menée par des chercheurs des universités de Cardiff et Birmingham City pour le Center of Community Journalism, Pauline Sargent ne serait pas loin de la vérité. Le journalisme hyperlocal pourrait donner naissance à des citoyens informés et engagés. Selon Andrew Williams, professeur de journalisme a l’Université de Cardiff :

We’ve seen clearly with our data on story topics and sources that readers of hyperlocal news are getting a large amount of information about politics, particularly the politics of local government. This relates to the news’ ability to foster informed citizenship in relation to politics.

Les données récoltées à propos des sujets et sources utilisés dans l’actualité hyperlocale ont démontré que ceux qui consomment ce type d’actualités s’informent beaucoup sur la politique, et plus précisément sur la politique locale. Cela démontre bien la capacité qu’a l’actualité à favoriser un certain intérêt des citoyens pour la politique.

En revanche, en ce qui concerne l’implication des citoyens au niveau du contenu éditorial des sites d’actualité hyperlocale, la route est encore longue selon Andrew Williams :

One of the things we also sought to determine is the extent to which this form of news encourages people to become active in their communities. In this research project we see hyperlocal blogging as itself a form of “creative citizenship” – an active form of community participation which involves people sourcing, gathering, writing, and building their own news. [...] We expected to find quite a lot of calls in hyperlocal news blogs for members of the public to join in on the action – to participate in DIY, collaborative, or networked journalism. We were surprised not to find much of this at all.

Nous avons également cherché à déterminer dans quelle mesure cette forme de journalisme encourage les gens à être actifs dans leurs communautés. Dans ce projet de recherche, le fait de blogguer à un niveau hyperlocal est une forme de “citoyenneté créative” – une forme de participation communautaire qui implique que les gens cherchent des sources, collectent de l’information, écrivent et construisent leurs propres sujets. Nous nous attendions à trouver un assez grand nombre d’appels à participation dans ces blogs hyperlocaux, d’invitations aux membres des communautés à se joindre au processus rédactionnel – de participer à une forme de journalisme collaboratif, de journalisme “do it yourself”. Nous avons été surpris de ne pas en avoir beaucoup trouvé.

 

Chez Dirmnagh is Good, Pauline Sargent encourage les lecteurs à venir participer à son projet : appel à contributions, questions ouvertes à la fin des articles, incitations a réagir et commenter… Tout est mis en oeuvre pour que les visiteurs soient stimulés et se sentent interpellés.

Article rédigé par Marine Buisson