Un webdocumentaire pour rendre le Parlement européen plus humain


Vendredi 25 avril, le site Internet Au Café de l’Europe a lancé un webdocumentaire pour rendre plus concret le Parlement européen. Douze portraits accompagnés de témoignages permettent de découvrir plus en détail les métiers qui animent l’institution. Alors que l’abstention risque d’atteindre des sommets aux élections européennes du 25 mai prochain, l’initiative cherche à mobiliser.

Le projet est intitulé « Les visages du Parlement européen« . Sa mission ? Remobiliser les citoyens européens dans un contexte où la défiance vis-à-vis de l’Europe est très présente. Un objectif compliqué,surtout en l’absence de matériel professionnel. Mais les membres du blog Au Café de l’Europe ont de la suite dans les idées et se montrent réellement motivés par la médiatisation des enjeux européens.

Interrogée dans le cadre de cet article, la rédactrice en chef Pauline Armandet se dit satisfaite : « nous sommes 9 étudiants, issus de divers cursus. La force de ce webdocumentaire provient de notre travail en équipe. Contrainte : nous n’avons pas eu le temps de faire des démarches pour obtenir des soutiens financiers ». Le rendu se veut donc logiquement simple, mais c’est ce qui le rend efficace.

Pour réaliser ce projet, les étudiants ont posé les mêmes questions à douze citoyens qui donnent vie au Parlement européen : député, journaliste, technicien, cuisinier, lobbyiste… Cette démarche de « rendre humaine l’institution » avait déjà été réalisée par le documentaire « Rapporteur de crise« , aujourd’hui indisponible. Mais Pauline Armandet tient à expliquer une différence notoire : « notre projet est déconnecté de la sphère politique. Nos questions touchent au quotidien et à la vision de l’Europe. Elles donnent la parole à ceux qui vivent dans l’ombre ».

France : une initiative tout aussi nécessaire
Dans l’ombre, c’est à se demander si ce n’est pas le cas de tous les acteurs du Parlement européen, tant ils semblent méconnus des citoyens. Esteban Wendling, responsable du webdocumentaire « Les visages du Parlement européen », avance une hypothèse à ce désintérêt : « on n’a pas confiance en nos politiques nationaux, alors comment croire en une Europe très éloignée et qu’on sent bureaucratique »

 

Pour se rapprocher des citoyens, les initiatives n’ont pourtant pas manqué ces dernières années. Encore le 4 mai dernier, des portes ouvertes du siège à Strasbourg ont été organisées pour pouvoir assister aux débats dans l’hémicycle. Pourtant, comme l’a souligné Pauline Armandet, seulement 51 % des Français se disent intéressés par les élections européennes selon un récent sondage

Esteban Wendling avance une deuxième raison à ce désintérêt :

« Les hommes politiques nationaux passent leur temps à prendre Bruxelles comme bouc émissaire, mais ils oublient que toutes les décisions de l’UE sont initiées et validées par le Conseil européen et le Conseil de l’UE… autrement dit, ceux-là mêmes. »

Allemagne : des élections qui passionnent  peu
En Allemagne, 64 millions d’électeurs seront appelés aux urnes le 25 mai prochain. Ce vote désignera 96 députés européens, contre 99 en 2009 (une modification due au traité de Lisbonne). Mais à deux semaines des élections européennes, le sujet passionne peu. Principale cause : la majorité des Allemands ne savent pas ce qu’implique ce vote. En 2009, la participation était en Allemagne très proche de la moyenne européenne, autour de 43 %… Tanja Börzel, politologue spécialiste des questions européennes, nous en dit plus :

Une deuxième explication se trouve dans la lassitude. Les Allemands se sont en effet rendus aux urnes il y a à peine 7 mois pour les élections législatives. De plus, la campagne des Européennes en Allemagne se déroule dans une atmosphère calme. Selon les sondages, les petits partis n’arrivent pas à faire entendre leurs voix face à la Grande coalition gouvernementale (Unions chrétiennes CDU-CSU et Parti social-démocrate SPD). Ensemble, ces trois formations politiques devraient en effet réunir deux tiers des suffrages.

Cependant, un parti prônant la sortie de l’euro et le retour aux monnaies nationales prend de l’ampleur. « Alternative pour l’Allemagne », lancé en 2013, pourrait en effet bien profiter d’une abstention record et recueillir plus de 5% des voix, comme la Deutsche Welle l’indique dans ce reportage. Un désaveu pour la politique de Merkel ? Cette eurodéfiance pose en tout cas bien la question de savoir si oui ou non le pays laisse sombrer le navire. Les Allemands semblent plutôt apprécier tenir la barre.

Article rédigé par Antoine Cauty