Glass journalism : le cours de journalisme connecté de demain

Les Google-Glass arrivent en classe. Dès cet automne, l’université de Californie du Sud (USC) lance « Glass journalism », un cours de journalisme entièrement enseigné à partir des lunettes connectées de Google.

Dès l’automne, les étudiants de l’USC auront l’opportunité de voir et d’expérimenter
le journalisme à travers les Google Glass.
Copie d’écran de la vidéo de l’American Journalism Review sur Youtube, le 12 avril 2014.

 

Et si les accessoires connectés pouvaient aider à changer la face du journalisme ? C’est le parti pris par Robert Hernandez, enseignant en web-journalisme à l’USC et ancien directeur chargé du développement au Seattle Times. Ce dernier proposera dès la rentrée le premier cours de journalisme via Google-Glass. L’objectif ? Avancer vers le journalisme de demain.

Du journalisme « pro-actif »
« Donner aux gens l’opportunité de ressentir l’expérience du journaliste», c’est l’objectif de ce nouveau cursus. À mi-chemin entre enseignement et innovation, il s’adressera à une douzaine d’étudiants dès la rentrée prochaine. « C’est une opportunité intéressante de développer et d’explorer ce que le journalisme pourrait être sur une plateforme qui n’a pas encore été rendue publique« , explique Robert Hernandez sur le site de Toronto Star. Pour lui, il est temps pour les journalistes de cesser d’être passifs quant à la technologie, de prendre de l’avance et d’entreprendre. « Je ne crois pas aveuglément en ces lunettes. Mais c’est la plateforme portable la plus mature qui existe pour le moment. Nous devons être pro-actifs et la comprendre« , explique-t-il.

Pour y arriver, des étudiants issus de diverses spécialités et munis pour la plupart d’une pré-version des lunettes travailleront ensemble pour créer des applications innovantes, capables de faire évoluer la narration et l’accès à l’information, notamment via la perspective individuelle qu’offrent les lunettes. « Le but de ce cours n’est pas de créer des hypothèses ou quelque concept abstrait que ce soit. Nous allons vraiment construire des choses avec », soutient l’enseignant. De la réflexion, au développement et à la création, les étudiants, véritables « explorateurs » tenteront de créer des applications utiles, et à terme utilisables par les journalistes.

L’idée est donc de créer un environnement collaboratif, mêlant journalisme et programmation, où journalistes, designers et développeurs travailleront main dans la main et questionneront la technologie et son possible impact sur le journalisme. « À quoi pourrait ressembler un article créé grâce à cette technologie? Quelles en sont les limites? Quels types d’expériences uniques pouvons-nous réellement créer? », s’interroge Robert Hernandez.

D’importantes possibilités journalistiques
D’abord utilisées dans la médecine et dans la lutte contre les incendies, les Google-Glass tentent maintenant de se faire leur place dans le journalisme. En juin dernier, Tim Pool, journaliste chez Vice, avait notamment filmé des manifestations anti-Erdogan à Istanbul grâce à une version piratée des lunettes. Plusieurs enseignants en journalisme nord-américains mènent par ailleurs un projet de recherche et de ressource sur l’utilisation des Google-Glass dans le journalisme. Un cours sur le journalisme et les accessoires connectés est également accessible à la Poynter’s news University en Floride. Cette dernière s’était notamment penchée sur la question, en sollicitant l’avis de Jeff Sonderman, directeur adjoint de l’American Press Institute et ancien collaborateur numérique de Poynter.

Mais pour l’instant, cette pratique reste peu commune et assez lointaine pour la plupart des journalistes, ce dont Robert Hernandez a conscience. Raison de plus pour faire place à l’expérimentation. « Aujourd’hui, nous sommes à moment critique en termes de possibilités de narration offertes par les Google Glass. Nous commençons tout juste à comprendre à quel point la technologie peut être immersive et ce dont elle est vraiment capable. Dans un futur proche, les lunettes connectées disparaîtront physiquement de nos visages, augmentant nos expériences digitales de plus en plus discrètement« , prévoit-il. Les possibilités de narration et de consommation de l’information grâce aux Google-Glass pourraient être énormes selon lui, mais il ne s’agit, pour l’instant, que de questionnements, dont il n’a pas encore les réponses. Et c’est justement le challenge

Article rédigé par Sonia Baritello