En Grande-Bretagne, la videocheck s’invite dans les débats


Partout en Europe, les débats s’enchaînent entre les leaders des partis politiques, à quelques semaines des élections européennes. En Grande-Bretagne, les auditeurs de la LBC et les internautes ont pu assister à un échange entre Nick Clegg, leader des Démocrates Libéraux et Nigel Farage, à la tête du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni. Alors que les deux leaders se sont affrontés à coups de statistiques et de propositions, une équipe de fact-checkers publiait en temps réel son corrigé sur le blog de la radio et proposait une “videocheck” inédite aux internautes.

Le débat a eu lieu le 25 mars dans les locaux de la London Broadcasting Company Radio. Pendant que Nick Clegg, aussi Vice-Premier Ministre, et Nigel Farage discutaient d’immigration européenne, d’emploi et d’économie, une équipe de 8 fact-checkers installés dans le studio voisin vérifiait en temps réel les déclarations de chacun et apportait des explications à l’internaute à travers un live blog. Si le procédé n’est pas nouveau, l’équipe de journalistes de Full Fact a réalisé une ‘videocheck’ qu’elle a publiée quelques jours plus tard sur Youtube. On y retrouve l’intégralité du débat auquel s’ajoutent des informations contextuelles et celles vérifiées ou contestées par les journalistes lors de l’échange. Une colonne affichant les grands sujets traités permet à l’utilisateur de passer directement au chapitre de son choix.

Beaucoup de préparation et une vérification au moindre détail
La société de fact-checking britannique n’en est pas à son coup d’essai. Full Fact collabore régulièrement avec des médias américains et avait déjà été invitée à utiliser sa méthode de vérification lors de la traditionnelle émission politique britannique, “Question Time”, diffusée chaque semaine sur la BBC. Avec la “video-check”, Full Fact ouvre la porte à d’autres méthodes de diffusion du fact-checking. Mais toujours avec le même mot d’ordre: le détail. Will Moy, directeur de Full Fact, expliquait dans une interview à Journalism.co.uk, que son équipe « a parcouru le script en intégralité, phrase par phrase, ce qui a donné une vérification presque exhaustive de tout ce qui a été dit pendant le débat ».

Pour rendre cette expérience possible, l’équipe de journalistes s’est d’abord préparée en étudiant les sujets abordés. « L’équipe a recherché les discours et autres déclarations de Nick Clegg et Nigel Farage, pour être prêts à répondre à quoi que ce soit » continuait Will Moy.

Le fact-checking, la tendance qui se répand en Europe
Le même directeur de Full Fact ajoutait que sa société visait à “combler des lacunes” plutôt qu’à juger de la véracité d’un discours. La compagnie espère déjà conquérir le petit écran et proposer des “sous-titres” au bas de chaque émission. Ces journalistes “chiens de garde” ont leur équivalent partout en Europe, tant le phénomène se répand à toute vitesse sur le continent. En Janvier dernier, un autre site de fact-checking consacré aux questions politiques européennes a vu le jour. FactCheckEU, lancé par Pagella Politica (le premier site de fact-checking en Italie), invite les internautes à télécharger des documents et souhaite développer le travail collaboratif. L’atout majeur du site réside dans sa carte interactive qui permet à l’utilisateur de trouver plus facilement son chemin dans les déclarations des quelque 766 députés européens.

Si le fact-checking est critiquée, certains regrettant qu’il faille encore le mentionner tant cette pratique est liée à la fonction même du métier de journaliste, il fait partie des outils qui permettent de traiter davantage de certains sujets, comme les élections européennes, largement sous-estimées dans les médias traditionnels.

Article rédigé par Gaëlle Legrand